La révolution des e-trottinettes : les villes face à leur destin

Publié le June 10, 2021 par Polina Mikhaylova

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Les villes et les entreprises du monde entier sont confrontées à des budgets toujours plus serrés en raison de la pandémie de COVID-19, ce qui les oblige à repenser sérieusement leur mode de fonctionnement et de prestation de services.

Désormais, les organismes de transport public doivent se plier aux exigences des restrictions sanitaires et de distanciation sociale dans leur activité quotidienne, réduisant ainsi leur offre de bus et de trains et donc de clients potentiels. Cependant, les villes ne veulent pas que les gens retournent dans leur voiture et créent (encore) plus de pollution. Existe-t-il donc une solution alternative à ces deux situations ?

Les experts en transport public se sont de plus en plus intéressés aux solutions qui se plieraient au triptyque suivant : respect de la distanciation sociale, bon marché et éco-responsable. Cet intérêt, en pratique, se remarque par une explosion des initiatives autour de la marche ou du vélo depuis le début de la pandémie. Des 650 kilomètres de piste cyclable ajoutés à Paris aux aménagements des trottoirs de Londres, élargis pour les piétons. Si ces initiatives autour de la marche et du vélo peuvent répondre à certaines de ces considérations, il s’agit, pour beaucoup, de trouver une solution qui permette de se déplacer rapidement et facilement. Et les trottinettes électriques conviennent parfaitement à ces besoins.

Correctement ajustés, ces modes de mobilité proactifs, qui respectaient la distanciation sociale, ont été la clé pendant des années, permettant aux individus de se concentrer sur la seule organisation de leur journée.

Les modes de mobilité proactifs qui encouragent la distanciation sociale ont été la clé pendant ces dernières années, permettant à l’individu de prendre en charge son propre trajet. Les instruments de micromobilité, comme les trottinettes électriques, ont été déterminants dans cet essor, poussant même les autorités britanniques à accélérer la législation sur l’introduction des essais de trottinettes électriques dans tout le pays. Les avantages et les pièges potentiels sont clairs, mais qu’en est-il des coûts ?

Stations vs flotte libre

Les stations de stationnement réduisent les coûts opérationnels – les trottinettes sont chargées et garées au niveau de la station – ce qui implique qu’il est inutile d’employer du personnel de nuit pour changer les batteries. La ventilation des coûts comparés est impressionnante : les dépenses opérationnelles par trottinettes passent de près de 7 € à 1 € par jour.

En moyenne, il coûte trois centimes de charger une trottinette garée à une station, contre deux à six euros en flotte libre, une fois tous les autres coûts opérationnels pris en compte. Et la durée de vie moyenne d’une station est de cinq ans.

Evidemment, la solution des trottinettes amarrées aux stations requiert un investissement non négligeable en infrastructure. Pour un réseau de 1000 trottinettes, les villes devraient installer environ 250 stations d’accueil avec 8 emplacements chacune, ce qui représente environ 1,4 million d’euros, en comprenant les coûts de rénovation des trottinettes.

Coûts opérationel par jour par trottinette, en euros

La vue d’ensemble

En prenant le temps de considérer tous les tenants et aboutissants, les villes s’épargnent de nombreux problèmes et coûts – en seulement sept mois, le coût initial d’un système basé sur les stations commence à être rentabilisé par rapport à un modèle de flotte libre. Cet investissement n’est pas seulement financièrement intéressant, il permet de créer une infrastructure qui conduit à un écosystème de transport en commun plus sûr, où les trottinettes électriques ne sont pas considérées comme une nuisance ou une nouveauté, mais comme une partie intégrante du réseau de transport en commun.

Coûts d’exploitation mensuels du réseau de 1000 trottinettes, y compris l’amortissement de la station, en euros

Taillez-le à vos besoins

Comme il n’y a pas deux villes identiques, il n’existe une seule et unique approche. Par exemple, à Strasbourg, KNOT permet à ses utilisateurs de se garer deux mètres autour de la station si celle-ci est pleine (la ville de Strasbourg est contre les trottinettes électriques en flotte libre et ne les autorise nulle part ailleurs dans la ville).

D’après le nouveau réseau projeté par KNOT sur la Gold Coast, en Australie, les utilisateurs seront autorisés à interrompre leurs trajets pendant 30 minutes en mode flotte libre, avant de ramener la trottinette à la station.

Avoir de véritables options flexibles qui conviennent aux utilisateurs donne une réelle chance aux villes de voir les trottinettes électriques totalement adoptées comme mode de transport urbain.

Alors que de plus en plus de pays et de villes dans le monde considèrent les trottinettes électriques comme une solution (tout récemment l’Irlande, qui a confirmé ce mois-ci qu’elle allait modifier sa législation pour les introduire), les responsables de leur déploiement doivent réfléchir à la manière dont ils peuvent influencer le changement dans leur écosystème de mobilité.

En définitive, l’amarrage de KNOT par les stations représente un investissement judicieux et la possibilité d’ancrer ce mode de micromobilité dans le paysage urbain.